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TODAY IN THE BUREAU : Chronique 2


CHRONIQUES D'UNE CADRE DROLEMENT EGOTIQUE

by Emily K.

 

La méditation, c'est pas pour les nulles ...

Today in the Bureau, ou plutôt le jour où j'étais absente du bureau, pour passer plusieurs jours cloîtrée chez moi – disons-le, dans un état de semi-désintégration humaine – j’ai finalement eu la brillante idée de me lever et d'affronter ce que je savais être une catastrophe. Je me suis plantée devant le miroir de ma salle de bain, celui avec cet éclairage censé me rendre "rayonnante" (merci Ikea), et c’est là que la tragédie grecque a commencé.

Qui diable était cette femme ? Cernes profondes, cheveux en bataille et un air si perdu qu'on aurait dit une extra-terrestre débarquant de la planète "Burn-out". Sérieusement, cette version de moi ressemblait plus à Gollum qu'à Emily, déesse du business.

J’ai eu envie de m’excuser auprès de mon propre reflet : « Désolée pour tout ça, vraiment. Je ne sais pas quand on a pris ce virage (Celui que j'ai placé sur la route de dire tout le temps "YES"), mais ce reflet me fait vraiment peur. »

Il fallait que je me reprenne en main, que je retrouve mon éclat. Bref, il était temps de se reconnecter à soi-même. Alors, je me suis inscrite à des séances de méditation avec un thérapeute qui, selon la brochure, allait "changer ma vie". Ah ! Mon pauvre esprit hyperactif allait adorer ça…

Le premier jour, j’étais prête. Vous savez, quand on se dit : "Aujourd'hui, je deviens la meilleure version de moi-même !" (Spoiler : c’est une idée stupide). Assise sur mon tapis de yoga, jambes croisées comme un yogi professionnel — enfin, presque, disons plutôt comme un flamant rose en fin de carrière —, je fermais les yeux et attendais cette fameuse "paix intérieure". Dix secondes après, je ne pensais déjà qu'à une seule chose : mon téléphone. Je l’avais éteint, et cela me semblait être un crime. Une minute plus tard, je me demandais ce que je ferais pour le dîner. Deux minutes, et j'en étais à envisager un scénario catastrophe où je ratais une réunion cruciale à cause de cette foutue "paix intérieure".

« Concentrez-vous sur votre respiration », me disait la douce voix de mon thérapeute. Facile à dire, quand chaque inspiration est interrompue par mon cerveau qui crie : « T’as répondu à cet e-mail important ? Et le dossier sur ton bureau, il est prêt ? Et tu as bien coupé le gaz ce matin ? ». Bref, le calme, ce n’est pas pour moi. Mais je faisais semblant, très bien d’ailleurs. Si l’art de faire semblant était une discipline olympique, j’aurais eu une médaille d’or.

Après quelques séances à tenter de "me reconnecter à mes émotions", j'ai décidé de passer à l'étape suivante de mon nouveau moi zen : dire non. C'est censé être libérateur, non ? Eh bien, j’ai testé, et je peux vous dire qu’au début, c'est surtout terrifiant. La première fois que je l’ai fait, c'était avec mon manager. Il m’a demandé de prendre en charge un nouveau dossier – classique, je suis la meilleure, normal qu’il me le propose. Et là, sans même y réfléchir, j’ai lâché : « Non ».

Le silence qui a suivi ? Une scène digne de The Office. Lui, les yeux écarquillés, comme si je venais d’annoncer que la Terre était plate. Moi, paniquée intérieurement, regrettant déjà ce moment de folie. Puis, un miracle : il a hoché la tête et est parti… Non mais attendez, c’est tout ? J’avais gagné ? Non seulement je n'avais pas de dossier supplémentaire, mais en plus je me sentais légère comme une plume. C’était ça, la fameuse libération dont tout le monde parlait. Attention, Beyoncé, je suis dans la place.

Les jours ont passé, et j'ai commencé à redécouvrir les petites joies de la vie. Vous savez, les trucs que les gens "normaux" font sans qu’on ait besoin de leur rappeler. Lire un bon livre, par exemple. Alors, oui, au début, c'était plutôt Le guide ultime du Business Developer, mais j’ai vite lâché prise et pris un roman. Puis, j’ai marché dans les rues de Paris, sans me presser pour une réunion ou un rendez-vous. Je sais, c’est fou, mais les couchers de soleil existent bel et bien, et ce n’est pas juste une rumeur lancée par les Instagrammeurs.

Un jour, en regardant un coucher de soleil depuis les quais, j’ai même failli pleurer. Bon, c’était probablement à cause du vent qui me fouettait le visage, mais j’aime à penser que c'était un moment d’émotion profonde. Je suis passée de la reine des réunions à celle qui admire le ciel en se demandant si elle ne devrait pas écrire un poème sur l’instant. (Spoiler : je ne l’ai pas fait, parce que soyons honnêtes, j’ai une dignité).

Mais le meilleur moment est arrivé quand un collègue m'a demandé si je voulais travailler le week-end sur un projet "important" (indice : tout est toujours "important"). J’ai souri, j'ai pris une profonde inspiration et j'ai dit : « Non, je me reconnecte à moi-même ce week-end. » Le regard dans ses yeux valait tous les couchers de soleil du monde.

J’aurais pu exploser de rire. Emily, autrefois la workaholic certifiée, disait non à des heures supplémentaires. Une révolution. J’étais une femme nouvelle, ou du moins une femme qui sait qu'il y a autre chose dans la vie que les e-mails du dimanche.


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