CHRONIQUES D'UNE CADRE DROLEMENT EGOTIQUE
By Emily K.
Comment j’ai dit "Yes" (et pas seulement à Jim Carrey)
Today in the Bureau, je fais ce que je fais de mieux : dire "oui" à tout, même quand je n'ai absolument aucune idée de ce que je viens de signer.
Sauf que cette fois, ce n'était pas juste un "oui" pour apporter des croissants à la réunion ou organiser le pot de départ de Jean-Michel. Non, non, cette fois, j'ai dit un bon "oui" à la proposition de devenir chef de projet du segment Asie. Rien que ça. Parce que, vous voyez, je suis Emily, la future leader internationale (ou du moins, c'est ce que je me dis en regardant mon reflet dans le miroir ce matin-là).
Et me voilà, après avoir eu cette discussion mémorable avec mon chef hiérarchique, celui qui a vu dans ma demande une "envie légitime de progresser" (aka : "Bon, donne-lui un truc, qu’elle arrête de demander des augmentations"). Et là, un bonheur intense m’envahit, le genre de bonheur que vous ressentez quand vous pensez avoir gagné à la loterie, alors qu’en réalité vous avez seulement trouvé une pièce de 2 euros dans le canapé. Je jubile intérieurement : "Yes Man" style, je suis prête à conquérir la Chine".
Mes rêves prémonitoires (alias mon cerveau en roue libre)
Bien sûr, dès que je dis oui, mon inconscient – toujours plus dramatique que moi – commence à m’envoyer des messages à travers mes rêves, comme si j’étais une sorte de voyante corporate.
Premier rêve : Je suis à l’aéroport de JFK (classique, non ?), fatiguée et sur le point de partir vers l’Est pour un grand voyage. Mais attendez, plot twist ! Je me retrouve à Los Angeles, à l’Ouest. Ah non, ça ne va pas du tout. Qui a pris cette décision ?!
Évidemment, dans ce rêve absurde, mon père surgit, totalement silencieux mais avec cette tête qui dit : "Eh bien, c’est moi qui ai pris la décision, et tu feras avec." Ah, la subtilité de mon inconscient ! Merci beaucoup de m’informer que je ne suis pas maîtresse de mon propre destin, même dans un rêve. Sympa!!.
Mais c’est clair comme de l’eau de roche, non ? Ce rêve me dit que l’entretien pour la Chine, c’est comme aller vers l’Est… sauf que je vais probablement finir à l’Ouest. Bref, je suis coincée dans mon poste actuel, avec le sentiment d’avoir pris l’avion pour nulle part.
L’interview avec Mr "P" alias "le serpent sans venin"
Alors que je digérais cette révélation onirique, je me suis dit : "Bon, objectifs recalculés, je vais juste survivre à cet entretien. Si je réussis, tant mieux. Si je n'ai pas le poste ? Eh bien, j’aurais au moins montré que je peux rester assise pendant 60 minutes face à Mr "P" alias Monsieur Politico-Fourbe, sans lui lancer mon café à la figure. Une petite victoire personnelle, en somme.
Vous savez, ce cher Mr "P" c’est ce type qui a perfectionné l’art de sourire tout en vous poignardant dans le dos. Ne vous inquiétez pas, pour esquisser la profondeur de son portrait, je vais lui consacrer rien qu'à lui, une chronique digne de ce nom !
Pour la faire courte, vous voyez, c'est le genre qui calcule tout et se sent probablement plus proche d’un échiquier humain que d’un être humain. Non mieux, d'un tissage neuronal sophistiqué habillé par une psychologie labyrinthique.
Bref, je sens déjà que ces 60 minutes vont être longues… tellement longues que je vais probablement en ressortir en voulant écrire un mémoire sur la torture psychologique au travail.... Et c'est ce que j'ai fait, à travers ces chronique pour au moins, en rire un peu.
Le deuxième rêve : ou comment j’ai appris à ne plus avoir peur des serpents (métaphoriquement, bien sûr)
Deux jours après mon brillant "Yes", mon inconscient revient à la charge avec un deuxième rêve.
Cette fois-ci, je suis à Madrid (ville de mon enfance), essayant désespérément d’échapper à un serpent noir, long, et venimeux. Parce que oui, apparemment, c’est comme ça que mon inconscient décide de me divertir la nuit.
Ce serpent, c’est clairement Mr "P" évidemment. Il me suit à la trace, sournois, prêt à cracher son venin. Mais, surprise ! À force de cracher du venin, il n’en a plus dans les crocs. Ce serpent est aussi dangereux qu’un spaghetti mal cuit.
Et là, dans ce rêve délirant, je me dis : "Ah mais en fait, ce serpent est prévisible, il n’a plus de venin. Ce n’est qu’un pauvre reptile qui m’ennuie plus qu’il ne me fait peur."
Au réveil, je réalise que ce rêve est la parfaite métaphore de mon entretien à venir.
Le danger que je percevais en Mr "P" est finalement... minime.
Il peut bien m’attaquer avec ses petites crocs politiques, mais à la fin, il ne m’atteindra pas.
Tout ce venin, c'est du vent !
"Yes" Girl : Quand le "Yes Man" de Jim Carrey devient ma philosophie de vie
Je me réveille de ce rêve surréaliste, et vous savez ce que je fais ? Je regarde quelques minutes le film de "Yes Man".
Parce que si Jim Carrey peut dire "oui" à tout et s’en sortir, moi aussi. Je me lève, je m’étire, et je me dis que je suis prête à conquérir le monde. Rien que ça ! Quel réveil !! Ou au moins, réussir cet entretien sans m’effondrer mentalement. Ce qui, vous en conviendrez, est déjà un bon début.
Mais le "Yes" de Jim Carrey était un "Yes" Hollywoodien... le mien, a fini par me rattraper au virage.
Enfin, disons que jje me prépare, je respire, je pense à Bouddha (mais à la version zen, pas la version "je vais devenir un guide spirituel mondial").
Je me drape dans mes compétences en communication interpersonnelle, mes techniques de coaching… et surtout, de mon sourire.
"Yes" Girl !
Et si je n’ai pas le poste, au moins j’aurai appris que, parfois, le serpent le plus dangereux est celui qui n’a plus de venin.
À suivre... ou comment je vais probablement finir par méditer dans un avion direction l’Ouest (encore)
