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TODAY IN THE BUREAU : Chronique 3


CHRONIQUES D'UNE CADRE DROLEMENT EGOTIQUE

by Emily K.

Le management... ou comment Mr "D" transforme tout en farce (sans le savoir)

Today in the Bureau, j’ai décidé de commencer la journée armée jusqu’aux dents.

Pas avec des dossiers, des graphiques ou des tableaux Excel, non. Je me suis armée de mon sourire éclatant, de ma détermination à rester zen, et d'une bonne dose de sarcasme bien cachée derrière ma nouvelle philosophie de vie : "Smile like a Thai".

Une technique que j’ai moi-même inventée lors d’un de mes voyages intérieurs — en Thaïlande, évidemment, ou peut-être dans ma douche, je ne sais plus.

La journée s’annonçait presque parfaite. Mon agenda était vide de réunions (miracle !), et la perspective de commencer par un café convivial avec mon collègue A semblait idéale.

J'étais si détendue que je suis même allée jusqu'à mettre un smiley géant sur mon fond d'écran, pour me rappeler de rester zen et de sourire tout au long de la journée. Mon coach de vie serait fier de moi.

Le sourire me donnait une légèreté quasi-poétique. Les frontières habituelles que je dresse entre moi et mes collègues semblaient avoir disparu. J’étais en osmose avec mon environnement, flottant presque dans l'air. Oui, je flottais... jusqu'à 11h20.

Soudain, comme dans un mauvais film de science-fiction des années 80, mon écran a clignoté et une invitation surréaliste est apparue : un e-mail de Mr "D", notre manager en mal de pouvoir, qui m'invitait à une réunion. Objet de la réunion : "Discussion ouverte sur le management projet autour d'un café." Durée : une heure entière. Sérieusement ? Une heure pour écouter Mr "D", le maître absolu des réunions inutiles, divaguer sur la gestion de projet comme s’il avait inventé le concept lui-même.

Je me suis immédiatement imaginée, assise là, en train de siroter un café tiède pendant que Mr "D" me servirait son discours sur le "management".

Peut-être qu’il allait enfin m'expliquer son incroyable technique consistant à déserter toutes nos réunions, tout en trouvant toujours une excuse pour ne jamais communiquer d'informations importantes. "Impliquer ses collaborateurs" n’est clairement pas dans son dictionnaire, mais il doit bien y avoir une explication mystique à sa méthode managériale, non ? Peut-être que ce fameux "café-discussion" allait enfin m’éclairer sur ce mystère.

Dans ma tête, la scène ressemblait à un mauvais stand-up où le comique principal (Mr "D") se lancerait dans une tirade sur l'importance de l'ignorance contrôlée dans la gestion de projet. « Ah, Emily », me dirait-il, « Le secret, c'est de tout contrôler en ne partageant rien. Moins les gens en savent, plus je suis important. C’est basique. »

Alors que je rêvassais à ce monologue managérial absurde, un autre scénario me vint à l’esprit. Celui de Rambo. Oui, vous savez, le Rambo de Stallone.

Et là, je me suis dit, en mode John Rambo : « Ce n’est pas ma guerre, mon colonel. »

Je pouvais presque entendre la voix de Stallone dans ma tête, avec son ton grave et résolu. C'était clair : je n'allais pas participer à cette mascarade. Je me suis donc armée de mon clavier et, avec un sourire satisfait, j’ai rédigé le plus poli des refus sarcastiques :

"Merci pour cette proposition d’échange ouvert, mais je vais devoir décliner. Votre vision du management est fascinante, mais je pense que ce point peut être réglé en dix minutes, et sans café."

Bam. Envoyé. À cet instant, je me sentais comme une héroïne qui avait échappé à une embuscade. Je me voyais déjà libre, savourant la légèreté de ma décision. Mais bien sûr, c’était sans compter sur Mr "D".

Comme le destin est cruel, il m'a immédiatement appelée pour comprendre pourquoi je refusais cette formidable opportunité de discuter "ouvertement". Ah, l'ouverture. Il aime tellement ce mot, qu'il a dû l'imprimer sur ses cartes de visite.

Je l’ai rassuré, encore une fois avec un ton digne de Woody Allen dans ses grands moments de névrose : « Oh, ce n'est pas que je ne veuille pas échanger, vraiment. C’est juste que je pense que nous n’avons pas besoin d’une heure pour discuter de... eh bien, rien, en fait. Une courte conversation ferait l'affaire. »

Silence à l'autre bout du fil. Pendant une seconde, j'ai cru que je l'avais perdu. Mais non, il a fini par répondre, d'un ton sec : « Nous verrons ça, Emily. » Voilà, le ton était donné. J’étais désormais la rebelle qui avait refusé une réunion inutile. Encore une médaille à accrocher sur mon mur des victoires invisibles.

Et puis, une fois ce moment de gloire passé, je me suis sentie soudainement légère. Comme si j’avais laissé derrière moi le poids de toutes les réunions interminables auxquelles j’avais assisté par obligation. Comme Rambo après avoir refusé de se lancer dans une mission absurde. J’ai vu le soleil réapparaître à l’horizon de mon bureau, un peu comme si j'avais gagné une bataille contre la stupidité managériale.

Il ne restait plus qu’à célébrer. Avec un thé, offert par un ancien manager, Mr "M", avec qui j'avais partagé de bons moments et de bons souvenirs de collaboration. Rien de mieux pour clore une journée où l'absurde avait pris le dessus. "Smile like a Thai", dis-je en me resservant une tasse de thé. Mission accomplie.


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